Ce jeudi 28 avril dernier, la sculpture intitulée Hommage aux 27 fusillés de Châteaubriant, réalisée par l’artiste Monique ARRADON, a rejoint et enrichi les collections du Musée.
Pour l’occasion, les bénévoles de l’association des Amis du Musée de la Résistance de Châteaubriant (AMRC) ont organisé un temps fort, symbolique et privé, conviant la sculptrice âgée de 91 ans et son association, les Amis de Monique ARRADON de Séné (56).Ce moment convivial, très sympathique comptant également la présence des membres du Comité départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, scelle ainsi cette extraordinaire donation.
Cette œuvre est depuis lors visible au rez-de-chaussée du musée, dans l’espace dédié à la mémoire de l’exécution du 22 octobre 19411. Elle a donc définitivement trouvé sa place, pour le plus grand bonheur de l’équipe muséale qui s’évertue à la sublimer et souhaite créer à terme un soclage sur-mesure.
1. En vérité, elle est présentée au public depuis les commémorations d’octobre 2021, faisant alors l’objet d’un prêt exceptionnel pour marquer le 80e anniversaire de la fusillade.Qui est Monique ARRADON ?
Monique ARRADON, de son nom d’artiste, est née à Nantes en 1931. Elle y a grandi, connu la guerre, avant de partir, jeune adulte, étudier la peinture à Paris.
Elle se passionne très rapidement pour la sculpture, la tapisserie, les métaux mais également la lumière. Ce dernier élément fascine l’artiste et permet ainsi à ses œuvres de “prendre vie” grâce aux mouvements des éclairages.
Dans les années 1970, l’artiste est connue comme étant la première femme française à réaliser des œuvres cinétiques de grandes dimensions.
Aujourd’hui âgée de 91 ans, Monique ARRADON vit à Séné (56) et continue son travail, épaulée par l’Association des Amis de Monique Arradon (AMA)
L’œuvre : Hommage aux 27 fusillés de Châteaubriant
La naissance de la sculpture
Tout commence à Nantes le 20 octobre 1941, jour de l’exécution du lieutenant-colonel Karl HOTZ abattu par trois jeunes résistants communistes. Monique ARRADON, âgée de 10 ans, vivait à Nantes avec sa mère au moment des faits.
Trois jours plus tard, elle apprend avec stupeur l’exécution des 27 otages de Châteaubriant dans le journal. Cet événement changea sa vie, comme elle le spécifie elle-même : « « Châteaubriant », fut le fil – rouge sang – qui parcourut ma vie ».
A l’âge de 22 ans, elle décide de vivre une année à Châteaubriant et se lie d’amitié avec la famille ROBERT, témoins directs de l’exécution du 22 octobre 1941.
Suite au 50e anniversaire de l’exécution des 27 fusillés de Châteaubriant en 1991, Monique ARRADON décide de créer une sculpture monumentale pour leur rendre hommage. Elle réalise une première œuvre cette même année pour servir de base à son projet. Cinq années plus tard, la sculptrice en créée une autre pour le 55e anniversaire du même événement. Malgré ces deux premiers « essais », l’œuvre monumentale prévue par Monique ARRADON n’a jamais pu être concrétisée.
Une oeuvre d’acier et de plomb
Fiche technique :
- Titre : Hommage aux 27 fusillés de Châteaubriant
- Artiste : Monique ARRADON (née en 1931)
- Date de création : 1996
- Dimensions : 110 cm d’envergure – 80 cm de haut – 35 cm de profondeur
- Poids : 60 kg
- Matériaux : Acier et plomb patiné
- Don : Musée de la Résistance de Châteaubriant (réseau MRN), 28 avril 2022.
L’œuvre présente une série de 9 poteaux d’exécution, chacun composé de 3 piliers, symbolisant la mort des 27 otages. Parmi les sujets affaissés, la figure de la Résistance se dresse fièrement devant leur sacrifice. Le socle en arc de cercle rappelle la courbe de la Carrière de Châteaubriant, lieu de leur exécution.
A cela l’artiste se propose d’ajouter un éclairage aux couleurs du drapeau français afin de souligner le côté tragique de la scène. Le blanc représente la fusillade et le rouge renvoie au sang. Les trois couleurs réunies insistent sur la victoire finale de la France face aux exactions commises par les Nazis.
Actuellement, ce jeu d’éclairage n’est pas en place, mais l’association souhaite respecter le souhait de l’artiste et projette de créer un socle sur-mesure en intégrant ce jeu de lumière.
Pourquoi cette donation au Musée de la Résistance de Châteaubriant ?
Depuis quelques années, l’artiste Monique ARRADON réfléchissait à faire don de son œuvre à un musée. Au départ, sa réflexion s’est portée vers le Musée d’Histoire au Château des Ducs de Nantes mais, compte tenu de l’histoire et de l’existence d’un musée voisin de la Carrière des fusillés à Châteaubriant, son choix s’est défini sur ce dernier, lieu même du drame qu’elle représente dans son œuvre.
Parallèlement, c’est également grâce à l’implication de Loïc LE GAC, membre du Comité départemental du Souvenir des Fusillés de Châteaubriant de Nantes et de la Résistance en Loire-Inférieure, et ses échanges avec l’artiste, que cette donation s’est officialisée.
Monique ARRADON, très attachée à cette œuvre du fait de son vécu, a tout d’abord souhaité la prêter à titre exceptionnel au Musée de la Résistance, lors du 80e anniversaire de la fusillade, les 17 et 18 octobre 2021.
Pour cet événement, l’artiste a fait le déplacement le dimanche pour assister à la cérémonie d’hommage. A son arrivée, elle a rapidement été touchée par le lieu, son histoire mais également par l’implication des bénévoles des Amis du Musée de la Résistance de Châteaubriant et de leur travail quotidien pour l’entretien du site. Elle a finalement décidé d’en faire don au Musée afin que la sculpture soit visible du grand public
Prise de parole de Monique ARRADON lors de la cérémonie de donation de son oeuvre au Musée de la Résistance de Châteaubriant, le 28 avril 2022.
Rédactrice : Loïs SIMON
Relectrice : Mélanie SAMSON
Châteaubriant, le 17 mai 2022
Pour aller plus loin …
- Discours des personnes présentes : Monique ARRADON (artiste) et Luc FOUCAULT (membre de l’Association des Amis de Monique ARRADON).
2. Ressource complémentaire : lettre manuscrite de Monique ARRADON expliquant le contexte de création de son oeuvre.
3. La presse en parle !
4. Les photos de l’événement