Fonds Daniel JOLYS

Fonds constitué de :

Container de parachutage

Parachutage à Drouges (Ille-et-Vilaine) - 1944

Container de parachutage anglais « Type C »

Ce container a été parachuté à Drouges au cours de la nuit du 17 au 18 juillet 1944 par le « Special Operations Executive » sous couvert du réseau « Denis-Scientist » destiné aux maquis FTPF de Louis Pétri et au réseau « Libé-Nord ».


Longueur : 1,78 m - Diamètre : 37,5 cm
Poids en charge : 160 kg (selon l’équipement)

Carte de Drouges (Ille-et-Vilaine)

Drouges (35)

Lieu du parachutage « Scientist 117 » au nord de la forêt de La Guerche occupée par un important dépôt de carburant allemand.

  • Container de parachutage anglais « Type C »
  • Drouges (35)
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Au printemps 1944, les maquis locaux, en particulier ceux dirigés par Louis Pétri, surnommé Loulou ou commandant Tanguy, du mouvement Francs-tireurs et partisans français (FTPF), sont très actifs en Mayenne, en Normandie et en Ille-et-Vilaine.

Louis Pétri, originaire de Louvigné-du-Désert, est en contact étroit avec Claude de Baissac, un des meilleurs agents du Special Operations Executive (SOE) en France, chef du réseau « Denis Scientist » implanté en Mayenne et en lisière de la Normandie depuis février 1944. Cet officier britannique, né à l’île Maurice, parlant parfaitement le français, transmet à Londres les besoins en matériel militaire des maquis et les terrains de parachutage pour homologation, précisément ceux situés au nord de la Mayenne et à l’est de l’Ille-et-Vilaine. Il est assisté de sa soeur Lise de Baissac, également officier du S.O.E., dont le rôle sera déterminant.

L’un de ces terrains de parachutage agréé se trouve sur la commune de Drouges, à savoir une grande prairie, propriété d’Emmanuel Valais agriculteur au lieu-dit Launay, à proximité de la ferme de la Prée exploitée par Jules Bulourde. Cette Droppinq Zone (DZ) avait été définie au mois d’avril 1944 par Bernard Lesage, adjoint départemental du réseau « Libération-Nord » à Rennes, avec le concours de l’adjudant Pinot commandant la brigade de gendarmerie de La Guerche-de-Bretagne et de Jules Bulourde de Drouges.

Le 17 juillet à 13 heures, la BBC émet le message personnel : « Les enfants du village font leurs courses 5 fois », ce qui signifie qu’il y aura cinq avions pour ce parachutage tant attendu par les résistants concernés. La seconde diffusion de ce message à 17 heures confirme l’opération. Enfin, à 21 heures, la troisième annonce certifie que le parachutage aura bien lieu au cours de la nuit prochaine. Le comité de réception composé d’une quarantaine d’hommes, se regroupe, le plus discrètement possible à la ferme de la Prée avant de se mettre en place autour de la zone de largage.

Vers 1 heure du matin, heure anglaise, le ronronnement des quadrimoteurs Halifax attire l’attention des résistants tapis dans le bocage. Les cinq bombardiers des escadrilles spéciales 138 et 161 de la Royal Air Force, provenant de l’aérodrome de Tarrant Rushton au sud de l’Angleterre, arrivent par le nord, après 2 heures 30 de vol. Leurs pilotes exécutent la mission SOE « Scientist 117 ». Ils se guident sur la balise radio émettrice « Euréka » mise en place sur la DZ. Au sol, le capitaine Pineau dit « Pierre », équipé d’un émetteur-récepteur « S’Phone », entre en contact direct avec les aviateurs pour confirmer la réception. Un balisage lumineux est actionné : trois lampes rouges en ligne et une blanche à droite pour former un L. Les avions arrivent face au vent. Un signal lumineux codé en morse est émis vers les avions anglais.

Dans un premier temps, chaque appareil repère les signaux au sol et revient pour larguer le matériel. Un troisième passage est souvent nécessaire... Au cours de chaque largage, en attendant leur tour, les autres avions tournoient à plusieurs kilomètres à la ronde pour disperser le bruit des moteurs.

En cinquante minutes, à une altitude de 400 pieds (122 mètres), les Halifax se délestent de leurs 75 containers et de leurs 35 paquets, remplis d’armes individuelles et de munitions diverses. L’ensemble représente un poids total de 14 à 15 tonnes de matériel.

Les containers sont aussitôt transportés à l’Escart, un lieu-dit discret, où se trouvent une maison inhabitée et une ancienne carrière envahit par les broussailles. Ils sont vidés de leur contenu et jetés dans cette cavité. Les armes, les munitions sont stockées dans la masure. Dès le lendemain, le précieux matériel est livré aux divers groupes de résistants des secteurs sud-est de l’Ille-et-Vilaine et ouest de la Mayenne.
Plusieurs convois hippomobiles vont sillonner la campagne dans diverses directions.

Le 20 juillet en fin d’après-midi, trois attelages quittent l’Escart pour rejoindre la commune de Fontaine-Couverte en Mayenne. Sur leur chemin, en direction de la forêt de La Guerche, vers 22 heures, ils se retrouvent face à une patrouille allemande. Un des agriculteurs fonce droit devant et parvient à s’enfuir avec sa cargaison. Des coups de feu éclatent mais les deux autres conducteurs, Pierre Guinoiseau et François Boueste sont arrêtés et leur chargement est découvert. Toute la nuit, les Allemands fouilleront la campagne environnante à la recherche du courageux charretier mais en vain. Par contre, ils arrêtent quatre jeunes agriculteurs de Rannée, les frères Béasse soupçonnés de complicité.

Les interrogatoires musclés des deux convoyeurs permettent aux Allemands de localiser le dépôt de l’Escart rapidement vidé de ses armes. Le lendemain 21 juillet, ils se transportent à l’endroit indiqué gardé par trois maquisards d’origine russe, déserteurs de la Wehrmacht. Les soldats allemands ouvrent le feu dans leur direction ; l’un d’eux nommé Paul Koreff est abattu, Georges Courcier, résistant à « Libé-Nord » se trouvant à proximité de l’affrontement, réplique avec sa mitraillette Sten en direction des véhicules ennemis. Un soldat allemand est tué. Profitant du bocage, Georges Courcier échappe à ses poursuivants sous les tirs d’armes automatiques.

Le soir même, les six personnes arrêtées sont transférées au camp Margueritte à Rennes. Pierre Guinoiseau, ancien prisonnier de la guerre 1914-1918, y décèdera les jours suivants. François Boueste, de Drouges, est déporté et meurt au camp de Sandbostel en mai 1945. Les quatre frères Béasse réussissent à s’évader du train de déportés à Langeais (Indre-et-Loire) le 6 août 1944 et rentrent à la ferme familiale quelques semaines plus tard, sains et saufs.

Suite à cet accrochage, l’occupant, sans doute éprouvé par le bombardement aérien de la forêt de La Guerche le 16 juillet, n’exercera pas de représailles à l’encontre des habitants de Drouges.

Le 4 août 1944, les premières troupes américaines libèrent le secteur.

Daniel Jolys
Éancé, le 18 juin 2014

Livrets militaires 436ème bataillon

L’histoire des livrets militaires retrouvés

Au cours de la nuit du 18 au 19 juin 1940, le reliquat de la 5e brigade de cavalerie de l’armée française, commandé par la général Maillard, prend position dans la corne Nord-est de la forêt de La Guerche en Rannée. Cette unité, subordonnée à la 3e division légère de cavalerie, regroupe le 4e régiment de Hussards et le 6e régiment de Dragons en situation de repli après avoir combattu au Luxembourg. Cette formation comprend encore près de 2 000 soldats et autant de chevaux.

Le 6e Dragons stationne au lieu-dit la Cour Poisson où les officiers, dont le général Maillard, ont installé leur poste de commandement. Le colonel Jacotet commandant le 6e Dragons s’installe à la Haute Gaumonerie. Le 4e Dragons du colonel Chapin se positionne de l’autre côté de la forêt, vers le Chêne à la Vierge. Le général Maillard n’aura connaissance de l’armistice que le 25 juin, date de son application. L’officier va donc se présenter à la Kommandantur de Laval pour connaître la marche à suivre.

Au sud-ouest de Brains-sur-les-Marches, toujours en lisière de forêt de La Guerche, des soldats du 3e bataillon du 436e régiment de pionniers attendent également leur sort. Dans l’ouvrage « Telles furent nos jeunes années, Le Pays Castelbriantais sous l’Occupation » (Les dossiers de la Mée 2009), deux paragraphes sont consacrés à ce bataillon : « Des soldats français réussiront à échapper à temps aux camps de Châteaubriant : par exemple le troisième bataillon du 436e Pionniers. Placé à Pont de l’Arche, sur la Seine, il avait pour mission de retarder l’avance ennemie dans ce secteur. Il reçoit l’ordre de se replier, et en bon ordre, bien que talonné par les Allemands et bombardé par les avions, le Bataillon s’arrête à Brains-sur-les-Marches, à l’entrée de la forêt de la Guerche, au.complet, avec ses chefs et ses armes. Le commandant de ce Bataillon est M. Jean David. Son frère, vicaire à Châteaubriant, lui apprend que 45 000 soldats sont prisonniers dans cette ville. Le mardi 25 juin 1940, il reçoit la visite de Marcel Letertre-père, et du Sénateur Gustave Gautherot. Se tient alors un petit « Conseil de Guerre » d’où il ressort que toute résistance est impossible et qu’il faut éviter la captivité aux 800 soldats du Bataillon. Ceux-ci sont invités à « s’envoler » (ce qui leur évite cinq ans de captivité). Marcel Letertre-père fournit des vêtements civils au Commandant David, au Lieutenant Van Tielke et au sous-lieutenant Chauvel, et les ramène dans sa voiture à Châteaubriant avant de les conduire à Nantes le lendemain ».

« D’autres soldats n’auront pas cette chance. C’est le cas par exemple du 6e Dragons qui se cache au coeur de la Forêt de La Guerche. Depuis huit jours l’armistice est signé. Des soldats pensent rejoindre St-Nazaire, y embarquer, continuer la guerre. Mais leur colonel estime préférable de se rendre, avec les honneurs. Les Dragons auront en effet les honneurs du vainqueur, plutôt surpris. Les Allemands commencent par séparer les cavaliers et leurs montures, puis les hommes prennent la direction de La-Chapelle-Launay où sont déjà regroupés des milliers de prisonniers. Ils sont ensuite envoyés à Savenay avant d’être expédiés vers l’Allemagne ».

Les Allemands ne semblaient pas connaître la présence de ces unités toujours en armes. Le 2 juillet 1940, ordre leur est donné de rejoindre Châteaubriant avec la promesse d’une démobilisation des soldats. Ils ne devaient pas être considérés comme prisonniers de guerre puisque la convention d’armistice, signée le 22 juin et applicable le 25 suivant, laissait entrevoir une démobilisation des soldats en zone libre après remise des armes aux vainqueurs. Il n’en fût rien !

Janvier 2013,
Daniel Jolys

Informations complémentaires

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Crédit photo

  • © Photos d’objets Patrice Morel.
  • Autres photos « fonds André Bompol » : © Fonds André Bompol - AMRC/ Musée de la Résistance nationale.

Collection AMRC-MRn - Fonds Daniel Jolys.

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