Depuis son ouverture en 2001, le musée acquiert en permanence de nouvelles pièces historiques de la Seconde Guerre mondiale. Lettres, photographies, souvenirs, ces objets témoins d’un quotidien sont nombreux dans les vitrines du musée d’histoire.
Parmi ces donations d’autres plus exceptionnelles encore viennent, depuis peu, enrichir les collections. L’année 2022 se distingue en effet par l’acquisition de remarquables œuvres artistiques. D’abord il y a la sculpture de Monique Arradon Hommage aux fusillés de Châteaubriant (cf. article à retrouver ici ), et désormais ces quatre toiles originales évoquant la Déportation.
Aujourd’hui, le musée ne présente donc plus seulement les archives sensibles d’une époque. Il s’ouvre au monde de l’art en exposant des œuvres mémorielles contemporaines.
Une commande particulière de l’Amicale des Anciens Déportés de Neuengamme
13 500 Français et Françaises sont déportés au camp de concentration de Neuengamme, situé en Allemagne, durant la Seconde Guerre mondiale. Seulement 600 d’entre eux en reviendront vivants. Afin d’honorer leur mémoire et transmettre le récit des événements, les rescapés et leurs familles se sont regroupés en une association portant le nom d’Amicale des Anciens Déportés de Neuengamme. Chaque année, depuis 1945, ils se réunissent pour un rassemblement du souvenir et sont accueillis par une ville française.
En 1984, année qui marque le 40e anniversaire de la libération du camp, le Rassemblement International de l’Amicale de Neuengamme se tient à la Baule (44) du 18 au 21 mai. Pour cette occasion particulière, de nombreuses animations sont organisées : évocation artistique, spectacle, cérémonie de recueillement et une exposition.
Ces quatre tableaux sont ainsi présentés pour la première fois au grand public dans le cadre de cette manifestation d’envergure, à l’Hôtel de L’Hermitage à la Baule (44). A l’origine, Catherine ARIEL, critique d’art et organisatrice d’événements artistiques, sollicite bénévolement quatre artistes-peintres qu’elle côtoie au sein des « Ateliers de la Spirale » : Jacques DOLLE, Pierre GILLON, Louis GOLDFARB et Jean-Michel JOUILLAT. Elle y participe en abandonnant ses honoraires d’attachée de presse.
Marqués par cette histoire, les artistes acceptent d’y contribuer en partageant leur regard sur la thématique de la Déportation. Ils exécutent chacun une toile dont l’ensemble forme une collection unique.
L’absence de titre participe pleinement à cette construction commune. Ils ont volontairement décidé de ne pas attribuer de titre à leurs œuvres. Finalement, l’expression artistique suffit au regard du visiteur pour comprendre instantanément l’enjeu du sujet. Ainsi, nul besoin de mot pour raconter l’indicible, car tout est figuré par les différents choix opérés par les artistes.
Par la suite, les quatre toiles ont été exposées la même année au Salon du Pouliguen (44), avant d’être précieusement conservées à l’abri des regards chez Catherine ARIEL, mère de la donatrice.
Maintenant, bien que le don soit formellement enregistré, les visiteurs devront attendre avant de pouvoir les découvrir au musée à Châteaubriant. Les nouvelles acquisitions font en effet l’objet d’un processus spécifique en intégrant un plus vaste ensemble : la collection du Musée de la Résistance nationale (MRN). L’équipe du musée mène cependant une réflexion autour d’un projet de valorisation, envisagé en 2023-2024. D’ici là, ces œuvres sont accessibles en version numérique sur le site internet du musée.
Co-rédatrices: Justine Ragot et Mélanie SAMSON
07/01/2023